
Pourquoi la livraison gratuite n’est jamais vraiment gratuite // Born In Marseille
Share
Avec Born in Marseille, j’ai fait le choix d’une mode écoresponsable, en créant des vêtements à partir d’upcycling et de deadstock. Mais mon engagement ne s’arrête pas à la création. Il s’étend à tout ce qui fait vivre un vêtement, y compris son expédition. J’essaie de créer un cycle de vie du vêtement le plus vertueux possible. Alors ce n’est pas (encore) parfait, mais comme l’a dit un grand philosophe, ce qui compte ce n’est pas l’arrivée, c’est la quête. C’est s’améliorer petit à petit, revoir ses choix, gagner en sens à chaque nouveau projet. C’est pour cette raison que je ne propose pas la livraison gratuite sur mes produits.
Envoyer un colis n’est jamais un acte neutre. Chaque expédition implique du transport, des emballages et, forcément, des émissions de CO₂. Pourtant, dans le commerce en ligne, la gratuité est devenue un argument marketing incontournable. En réalité, ce “cadeau” n’existe pas : si ce n’est pas vous qui payez, c’est bien la planète qui en supporte les conséquences.
Le prix réel d’un envoi en France tourne autour de neuf euros. Plutôt que d’intégrer ce coût de manière artificielle dans le prix de mes vêtements ou de le compenser ailleurs, j’ai choisi de le partager. La moitié est à ma charge, l’autre moitié à la vôtre. Ce choix peut sembler à contre-courant dans un monde où tout doit être rapide et gratuit, mais il correspond à mes valeurs de transparence et de responsabilité.
Payer une partie de la livraison n’est pas une taxe. C’est un geste qui a du sens. Cela évite les commandes superflues, réduit les retours impulsifs et encourage une consommation plus réfléchie. Pour moi, il est important de rendre visible ce que d’autres préfèrent cacher : chaque colis a un impact, et je ne veux pas l’effacer derrière une gratuité trompeuse.
La livraison gratuite, telle qu’elle est pratiquée par la fast fashion, a profondément modifié nos comportements d’achat. Elle a encouragé la surconsommation, les paniers remplis sans réflexion et les retours à répétition. Les fameux “hauls” qui circulent sur les réseaux sociaux en sont la preuve : des dizaines d’articles commandés d’un coup, simplement parce que tout peut être renvoyé sans frais. Mais derrière cette facilité, la réalité est tout autre. Dans l’ultra fast fashion, les articles retournés ne sont presque jamais remis en vente. Reconditionner un vêtement coûte plus cher que d’en produire un nouveau. Dès lors, un simple débardeur à trois euros, renvoyé parce qu’il ne convient pas, finit bien souvent dans une décharge textile à ciel ouvert, au Ghana ou au Chili.
Mais ça, bien souvent, le consommateur ne le sait pas. Il n’en a tout simplement pas conscience. Bien sûr, personne n’en parle vraiment, encore moins les marques concernées : ce n’est pas très bon pour leur image.
C’est précisément contre ce modèle que je me positionne. Mon objectif n’est pas d’aller vite ni de multiplier les expéditions, mais de prendre le temps d’avancer dans la bonne direction. Chaque pièce que je crée raconte déjà une histoire de durabilité, parce qu’elle est née de tissus existants ou de fins de rouleaux inutilisés. Il me semblait évident que mes choix logistiques suivent cette même logique.
Refuser la livraison gratuite, pour moi, c’est rester cohérente. C’est rappeler que la mode responsable ne se limite pas au produit lui-même, mais concerne aussi la manière dont il arrive jusqu’à vous. Je ne vois pas ça comme une contrainte, mais comme une invitation à consommer différemment, à redonner de la valeur aux choses et à prendre conscience de leur vrai coût.
En choisissant Born in Marseille, vous ne faites pas qu’acheter un vêtement unique et engagé. Vous soutenez une démarche globale, plus honnête, plus juste et plus respectueuse de l’environnement. Et ensemble, avec ces petits choix, nous pouvons changer les règles de la mode.
(inch’Allah 🤞)